INTRODUCTION
Alors que des soldats de la paix, des fonctionnaires de police, des entrepreneurs du secteur privé et d’autres membres de la communauté internationale étaient déployés en Bosnie-Herzégovine et au Kosovo sous administration des Nations Unies (résolution 1244 du Conseil de sécurité) pendant les guerres qui ont sévi dans les Balkans occidentaux de 1992 à 1999, la prostitution, qui était un commerce local à petite échelle entre les mains de réseaux criminels organisés, est devenue une industrie florissante. A cette époque, la communauté humanitaire avait commencé à reconnaître la gravité du problème de la traite des personnes, et l’avait donc fait figurer au rang des préoccupations internationales.
Bien que plusieurs organisations internationales aient élaboré des stratégies de lutte contre ce phénomène, la traite des personnes s’est développée et demeure un crime grave donnant lieu à d’importantes violations des droits de l’homme, et reste dans une large mesure ignoré des acteurs gouvernementaux et non gouvernementaux dans les situations de crise. L’identification des cas de traite est entravée par des difficultés sur le plan des définitions, par un manque de connaissances et par l’existence de zones grises entre la traite et d’autres formes d’exploitation. En outre, la traite n’est généralement pas considérée comme une conséquence directe d’une crise, ce qui, sur le terrain, pèse souvent sur les interventions menées en réponse aux cas, non seulement sur le plan de l’identification et de la documentation, de l’établissement de rapports, de l’aide aux victimes, mais aussi au stade ultérieur de l’enquête pénale. Les mesures de lutte contre la traite ne sont pas nécessairement perçues comme permettant de sauver immédiatement des vies dans une situation d’urgence. Or, elles constituent une question de survie et de moyens de subsistance pour les victimes, et devraient donc être considérées avec la même priorité que toutes les autres activités de réponse en situation de crise.
Dans un souci de ne pas exagérer le problème et les conséquences de la traite dans les situations de crise, le rapport plus détaillé dont s’inspire la présente note formule des recommandations fondées sur des faits à l’intention de la communauté humanitaire et, notamment, des professionnels qui travaillent dans le domaine de la lutte contre la traite et l’exploitation dans les interventions d’urgence. Le rapport en question passe en revue les risques, la prévention des cas et la manière d’améliorer la réponse à la traite d’êtres humains aux diverses phases d’une crise (avant, pendant et après), en s’intéressant plus particulièrement aux conflits armés, aux catastrophes naturelles et aux crises prolongées. Le présent document contient un résumé des principales conclusions et recommandations formulées dans le rapport.
Certaines recommandations figurent déjà dans la stratégie de l’Organisation visant à lutter contre la traite en temps de crise, actuellement en cours de finalisation.
Bernd Hemingway Directeur, Département de la gestion des migrations Siège de l’OIM
Mohammed Abdiker Directeur, Département des opérations et des situations d’urgence Siège de l’OIM