I. Introduction
1. Par sa résolution 2281 (2016), le Conseil de sécurité a prorogé le mandat de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) jusqu’au 31 juillet 2016 et m’a prié de procéder à un examen stratégique de la Mission pour m’assurer, en consultation avec le Gouvernement centrafricain, que son futur mandat serait formulé de façon adéquate et adaptée à un contexte de stabilisation post-transition propice aux efforts de consolidation de la paix. Il m’a prié de lui présenter mes recommandations le 22 juin 2016 au plus tard. Le présent rapport rend compte des conclusions de cet examen stratégique et comporte des recommandations concernant le futur mandat de la Mission.
II. Rappel des faits
2. Le dernier épisode de la crise interminable que traverse la République centrafricaine est survenu en décembre 2012, quand la coalition rebelle Séléka a marché sur Bangui avant de prendre le contrôle de la capitale et de renverser le Président qui était alors au pouvoir, François Bozizé, en mars 2013. Les affrontements qui ont suivi ont opposé la coalition Séléka aux groupes d’autodéfense qui composaient les antibalaka, provoquant un déferlement de violence intercommunautaire à connotations religieuses, compromettant gravement la protection des civils et entraînant le déplacement d’un cinquième de la population à l’intérieur du pays et vers les pays voisins. La République centrafricaine a plongé dans l’anarchie tandis que ses institutions publiques, déjà fragiles, volaient en éclats. Dans la résolution 2149 (2014) qu’il a adoptée en avril 2014, le Conseil de sécurité m’a prié de fondre au sein de la MINUSCA le Bureau intégré des Nations Unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine. La création de la MINUSCA, à la suite des missions déployées sous la conduite d’organisations de la sous-région et de l’Union africaine et en coopération avec d’autres forces internationales, en particulier la force française Sangaris, a permis une amélioration relative des conditions de sécurité.
3. En juillet 2014, le Président de la République du Congo, Denis Sassou Nguesso, a amorcé un processus politique à Brazzaville en sa capacité de médiateur de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC). Les consultations locales menées à l’échelle du pays début 2015 ont été suivies par le Forum de Bangui sur la réconciliation nationale, qui s’est tenu en mai 2015. Des élections législatives et présidentielle crédibles, et pour l’essentiel calmes, ont été organisées fin 2015 et début 2016. Le 30 mars, le nouveau Président, Faustin-Archange Touadéra, a prêté serment, mettant fin à deux années de transition politique.
III. Examen stratégique de la Mission
4. Après une analyse des conflits, une mission d’examen stratégique a été conduite du 7 au 17 mai 2016 en République centrafricaine. L’équipe chargée de cet examen a rencontré un large éventail de parties prenantes, dont le Président, le Premier Ministre, Simplice Sarandji, et les membres du Cabinet, le Bureau de l’Assemblée nationale, les principaux membres du Parlement et d’anciens candidats à l’élection présidentielle, des membres de la société civile et de groupes de femmes, des représentants du corps diplomatique et des bailleurs de fonds, dont le Groupe de contact international pour la République centrafricaine, les hauts responsables, ainsi que des membres du personnel civil et du personnel en tenue de la MINUSCA, et des représentants des équipes de pays des Nations Unies et des équipes chargées de l’aide humanitaire.