Plusieurs ressortissants haïtiens reconduits à la frontière de Belladère, département du Centre d'Haïti, le 19 avril 2016, ont été victimes de mauvais traitements. Ces migrants qui ont été appréhendés pour la plupart dans la capitale dominicaine, ont été gardés dans un centre de détention à Elias Piña avant d’être emmenés en Haïti.
Au nombre de 12, ces ressortissants haïtiens sont arrivés à la frontière dans un état très critique. Ils étaient visiblement très fatigués. En effet, ils ont été appréhendés à Santo Domingo depuis la matinée du lundi 18 avril 2016 et emmenés dans un centre de détention à Elias Piña où ils ont passé une nuit.
Ils ont déclaré avoir passé toute la nuit de leur rétention sans rien trouver à mettre sous les dents.
« Nous avons parcouru plusieurs heures en autobus avant d’arriver à Elias Piña où nous avons été gardés pendant une nuit dans un centre carcéral. Nous n’avions pas accès à la nourriture. Tôt le lendemain, les militaires nous ont conduits à la frontière.», a raconté Philippe, l’un des rapatriés.
Les agents de l’Immigration haïtienne qui étaient censés d’être sur place pour accueillir les rapatriés, ont brillé par leur absence. Car, le point frontalier de Belladère a été l’objet de troubles en raison d’une manifestation organisée le 18 avril 2016 par des habitants de la commune. Ces derniers avaient gagné les rues pour exiger la levée de l’interdiction d’entrée sur le sol haïtien par voie terrestre de 23 produits dominicains. Le bâtiment logeant le bureau de l’immigration a été saccagé lors de ce mouvement.
D'un autre côté, plusieurs rapatriés disent avoir subi de mauvais traitements pendant le rapatriement. C’est le cas de Johnny qui a été l’objet d’abus de la part des militaires dominicains.
« Au moment de mon arrestation, les soldats dominicains ont déchiré tous les documents que j’avais en ma possession. J’ai voulu contester. Ils ont menacé de me frapper. », a-t-il dénoncé.
Johnny qui travaillait dans le secteur agricole en République Dominicaine, s’était montré très bouleversé pour sa femme et ses enfants qu’il a laissés en territoire voisin. Déçu d’avoir été reconduit en Haïti, il compte utiliser tous les moyens pour retrouver sa famille.
La situation des migrants haïtiens vivant en situation irrégulière en territoire dominicain tend à devenir plus compliquée. Cependant, plusieurs rapatriés se disent prêts à y retourner en raison de la situation économique précaire d’Haïti.
Soulignons qu’il a été enregistré au cours des deux premières semaines du mois d’avril 2016, un total de 1298 rapatriés et 420 retournés spontanés à la frontière haïtiano-dominicaine.
Le GARR attire l’attention des autorités haïtiennes sur les conditions dans lesquelles ces migrants ont été rapatriés, notamment sans ordre de jugement et en violation des droits de la personne. Ce qui est contraire au Protocole d’Accord sur les mécanismes de rapatriement paraphé par les deux Etats insulaires.