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Democratic Republic of the Congo: Beni: la bataille pour la protection des humanitaires

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Source: UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs
Country: Democratic Republic of the Congo

Depuis octobre 2014, le contexte sécuritaire volatile qui règne au nord de Beni est un vrai cassetête pour les acteurs humanitaires. La lutte que livrent depuis janvier 2014 les Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) aux Allied Democratic Forces (ADF) -- le groupe armé que de nombreux observateurs nationaux et internationaux estiment être responsables de tueries et de massacres dans la région -- a forcé des milliers de personnes à quitter leurs villages pour se réfugier dans des zones urbaines, dites plus sécurisées. Ces mouvements de population se sont accentués et non jamais cessés depuis octobre 2014, période qui a marqué le début d'une longue série de tueries et de graves violations des droits de l’Homme et du droit international humanitaire au nord de Beni.

16 mois plus tard, l'assistance humanitaire à plus de 136 000 personnes déplacées du territoire, se fait au compte-goutte. En octobre et novembre 2015, près de 45 000 personnes déplacées et familles d’accueil ont pu recevoir une assistance humanitaire d’urgence en vivres et en articles ménagers essentiels (AME), à Mavivi, Mbau, Oicha et Eringeti. Mais cette assistance ne s'est pas fait sans entrave.

Les conditions sécuritaires déplorables entraînent souvent des retards dans l'exécution des activités. Depuis octobre 2014, l’accès humanitaire, sur l’axe Oicha — Eringeti demeure très limité réduisant considérablement la capacité de travail des acteurs humanitaires, selon Augustin Muyisa, assistant chef de projet pour l'organisation allemande Welthungerhilfe (WHH).

« L’accès limité fait en sorte que nous sommes obligés de nous adapter constamment. Pour chaque action il faut une bonne évaluation du contexte. Les décisions se prennent au jour le jour et ça nous limite grandement dans nos mouvements.»

Depuis novembre 2015, l'ONG MAAMS a vu son projet d’assistance en articles ménagers essentiels à Eringeti en faveur de plus de 17 000 personnes bloqué à plusieurs reprises à cause de l’insécurité. Ce n'est qu'en janvier 2016 que les activités ont finalement pu être réalisées.

Améliorer la résilience des personnes déplacées pour mieux les protéger

Pour les acteurs de protection, malgré tous les efforts et les plaidoyers, l’amélioration de l’accès humanitaire est un défi constant. Ce n’est pas que les humanitaires ont perdu espoir, mais ils s’avouent un peu « désarmés » face aux défis. Si les acteurs humanitaires ne peuvent accéder aux populations affectées, il faut donc trouver d’autres moyens de protéger la population, comme par exemple travailler sur la vulnérabilité des personnes qui se retrouvent coincées entre deux feux.

Dans un contexte comme celui de Beni, la protection des civils doit aller au-delà de l’assistance humanitaire d’urgence, qui se veut qu’une solution temporaire. Les humanitaires s’accordent pour dire qu’il faut songer dès maintenant à des solutions à plus long terme et envisager des moyens d’autonomisation des personnes déplacées. Les humanitaires croient qu’améliorer la résilience des familles permettrait de diminuer les vulnérabilités et de garantir une certaine forme de protection, autre que la protection par la présence. «Les gens ne vont pas retourner demain, il faut donc baser temporairement nos interventions sur les moyens d’autonomisation des personnes déplacées afin qu’elles puissent commencer à se prendre en charge», explique Rokya Diakite, coordonnatrice du Cluster Protection pour la province du NordKivu.

L’autonomisation, suggère la coordinatrice du Cluster Protection, peut passer par des initiatives de champs communautaires ou encore la mise à disposition de petits bouts de terrains qui permettraient aux déplacés de se construire des abris et de reprendre une vie normale.

Les transferts d’argent pour augmenter le niveau de protection

Là où les humanitaires ne peuvent avoir accès, une des options exploitée pour l'assistance humanitaire est la méthode du transfert d’argent (« cash transfer »). Malgré toutes les idées préconçues reliées au fait de donner de l’argent, les expériences jusqu'ici ont été positives. Le transfert d'argent a été utilisé par le Programme alimentaire mondial (PAM) pour son assistance alimentaire dans le nord de Beni en novembre 2015. De plus, l’injection de liquidités permet aux bénéficiaires de se lancer dans des petites activités génératrices de revenus et ainsi faire tourner l’économie locale.

Quelle solution ay cycle perpétuel de violences ?

Alors que les acteurs humanitaires tentent d'opérer dans un contexte sécuritaire à la fois menaçant et volatile, il convient de réfléchir sur les solutions d'avenir. La crise sécuritaire est vieille de plusieurs années. Si elle continue encore aujourd'hui, force est de constater que la « bonne chimie » n’a pas été trouvée. De l'avis de plusieurs observateurs, le bilan des opérations militaires contre les présumés Allied Democratic Forces (ADF) reste mitigé. En effet, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer l’incapacité des forces étatiques à protéger sa population et mettre fin aux attaques contre les civils.
Pourtant, la zone est largement militarisée : présence de plus de 5 000 militaires FARDC et d’environ 800 soldats de la force de maintien de la paix sur l’ensemble du territoire. L'attaque du 29 novembre 2015 en plein centre de la localité d’Eringeti a surpris plus d’un observateur, au regard des dispositifs militaires importants qui se trouvent dans cette zone.

Certes le contexte de Beni est très complexe. Très peu de personne peuvent aujourd'hui affirmer connaitre les motivations réelles des présumés ADF. Le 2 décembre dernier, le Commandant de la Force de la MONUSCO par intérim, le Général Baillaud, a rappelé le caractère particulier de l’ADF « qui est un groupe qui ne communique pas et qui ne négocie pas ». Or, cette absence de revendications et l’absence totale de dialogue laissent entrevoir très peu d’espoir de sortir de ce cercle vicieux de violence.

C'est précisément pourquoi la réponse à la crise sécuritaire de Beni devra passer par une combinaison de solutions, comprenant surement des actions économiques, politiques, et sociales. La contribution des personnalités locales et coutumières qui sont susceptibles d’influencer sera nécessaire dans la recherche de solutions durables pour les civils. Se concentrer davantage sur les moyens de diminuer la vulnérabilité des personnes tout en favorisant l’autonomisation des communautés est souvent évoqué par les humanitaires comme la piste de solution pour mieux protéger les populations victimes de la crise. Des analyses plus poussées sur les moyens d’autonomisation des communautés déplacées, vulnérables ou assiégées permettraient de mieux comprendre et de concevoir une assistance adaptée au contexte très volatile.

Contact :
Yvon Edoumou, +243.97.000.3750, edoumou@un.org Nadia berger, +243 +243 81 708 0987 | +243 97 108 5633, berger@un.org Twitter : @UNOCHA_DRC / www.unocha.org/drc


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